"Ne pleure pas parce que c'est fini, mais parce que c'est arrivé"
Dr Seuss, auteur et illustrateur américain pour la jeunesse.
A partir de l'arrivée du docteur John John au UCSF Medical Center où sa soeur, Caroline Galveston, est plongée dans le coma artificiel, le lecteur pénètre peu à peu les secrets de la famille Carlson retranchée dans une luxueuse villa à Pacific Palisades, un quartier chic de Los Angeles. John, le père, est docteur en chirurgie esthétique dans sa clinique privée. C'est un bel homme d'une quarantaine d'années, séducteur et drôle, joueur de golf, admirateur inconditionnel des Kennedy. Elisabeth, la mère, est un ancien mannequin dont le visage a été brulé après un terrible accident domestique. Elle est obsédée par son poids et impose une abstinence monastique à son mari (ils font chambre à part, ce qui explique l'infidélité de John). John John (JJ), le fils ainé, est un étudiant en médecine tandis que Caroline, sa soeur, travaille officiellement dans la mode (elle est en fait strip-teaseuse au Viper Room, la boite de nuit branchée du tout Hollywood). Quant à Yin et Yang, les deux bouledogues, ils ne font qu'aboyer et se prélasser au soleil (la couleur noire et blanche permet de différencier le mâle et la femelle).
Le jour où le "dispatcheur" (prénommé Charles) annonce à John, le véritable héros du roman, ses dernières heures, celui-ci ne veut plus perdre une seule seconde. Il prend conscience qu'il a raté sa vie (sa femme vient de le quitter) et souhaite racheter ses fautes. Charles lui fait alors franchir le sas : un faisceau de lumières qui transporte les âmes (la vie sur terre est un examen de passage qui oriente la décision de dispatcher les âmes à la sortie du sas vers un autre univers). John rend d'abord visite à sa mère, Jessie, une ancienne prostituée qui vit dans un immeuble insalubre de Skid Row ("le quartier de Los Angeles tristement célèbre par sa renommée de capitale américaine des sans-abris"). Il ne l'a pas vue depuis dix ans. C'est l'occasion de lui déclarer son amour et lui pardonner son enfance meurtrie (elle ne lui a jamais manifesté de tendresse et a été infidèle au père devenu alcoolique). Il discute ensuite avec sa fille Caroline dont il regrette de ne pas avoir été assez proche, privilégiant les études de son fils JJ à qui il lègue sa clinique.
Que s'est-il "réellement" passé après la mort de John dans un accident de voiture ? Il a rejoint Tempora à la sortie du sas (un univers parallèle à la terre où la flèche du temps est inversée : il s'écoule du futur vers le passé). Il est devenu John le dispatcheur pour annoncer à sa fille Caroline son dernier jour sur terre. Elle reçoit la visite de son frère JJ à l'hôpital (retour à la scène inaugurale) où elle meurt sous assistance respiratoire. JJ voit alors son père accompagné de son premier amour Laurence (les deux fantômes lui apparaissent sous forme d'hologrammes).
Ce roman français - mais tellement américain ! - moderne et très original se situe à mi-chemin entre la science fiction et le roman ésotérique. Il délivre en filigrane, via une intrigue complexe qui tient le lecteur en haleine, une critique plutôt drôle de la bulle hollywoodienne et de sa superficialité. Si vous vous questionnez quant à l'existence d'une autre vie après la mort, ce livre vous accompagnera avec la bienveillance d'un être cher vers un monde meilleur : "Et vous cher lecteur, n'avez-vous pas imaginé, rêvé et, parfois même, planifié votre fin sur terre ou celle d'un proche ? Etes-vous certain qu'il n'y a pas un dispatcheur qui vous attend dans le SAS ? Et si c'était vos dernières vingt-quatre heures sur terre, feriez-vous ce que vous vous apprêtiez à faire aujourd'hui ?" (référence au discours de Steve Jobs à l'Université de Stanford le 12 juin 2005).
Le tic-tac de l'horloge est omniprésent tout au long du roman |
La montre de John (modèle Apple Watch) affiche le temps restant avant son passage dans le sas : "Pour certains, l'horloge est un concept développé pour appréhender les changements du monde où pourtant les pendules ne sonnent pas à la même heure ! D'autres pensent que nous sommes tous reliés par l'horloge du temps qui s'écoule, tel un sablier qui se vide, mais pour les privilégiés, les lois du cosmos offrent l'opportunité de poursuivre le voyage sur un autre univers." Franchir le sas, c'est accéder à une possible rédemption, se perfectionner, apprendre à s'aimer et à aimer l'autre, découvrir des mondes parallèles complexes et obscurs.
Série Lost Angels, photographie de Lee Jeffries Cet artiste vit à Manchester au Royaune-Uni et a rencontré un grand nombre de sans-abris aux Etats-Unis. |
Dans le roman, Charles se présentera sous le nom de Dany, un ancien sans-abri qui mendiait sur les trottoirs du Bronx (quartier de New York) lorsqu'il a choisi de sauver l'âme de John. Il fait partie du gouvernement cosmique et gère le passage du sas : "Ma mission consiste à restituer ce que j'ai reçu en tant que privilégié en suivant les âmes mises à l'épreuve comme la tienne."
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INTERVIEW DE PATRICK JAULENT
1 - Pouvez vous nous parler de votre parcours (enfance,
études, rencontres, expériences professionnelles) ?
C’est toujours un exercice difficile de se livrer … parfois en pâture. Mais pourquoi pas !
Je suis l’ainé d’une famille de trois enfants. De niveau
social disons modeste. Mon enfance, je n’en garde pas spécialement un bon
souvenir : « le petit qui se cachait sous la table » dans le
livre était moi. Vous y trouverez d’autres passages personnels : je vous
laisse les découvrir.
Souhaitant trouver autre chose, je m’engage dans la marine à 15 ½. Je passe mon
BAC à Toulon … Sans trop rentrer dans les détails de mon CV, je dirais simplement
que j'avais une seule idée en tête : être le meilleur, très certainement pour prendre une
revanche sur mon enfance. Alors j’ai passé
un doctorat dans l’une des meilleures universités américaines.
Mes expériences professionnelles vont de professeur de sciences dans un lycée,
à professeur d’université, créateur d’une entreprise informatique (que j’ai
vendue à Airbus) et consultant. Ce que je retiens est également noté dans le livre : « Nul ne guérit de son enfance et chacun de nous à son histoire. »
2 - Qu'est-ce qui vous a mené à l'écriture ?
L’écriture est une véritable passion. Je n’ai plus le compte exact, mais j’ai dû écrire une douzaine de livres techniques et une cinquantaine d’articles (dans le Cercle des Echos…).
L’écriture est une véritable passion. Je n’ai plus le compte exact, mais j’ai dû écrire une douzaine de livres techniques et une cinquantaine d’articles (dans le Cercle des Echos…).
3 - En lisant votre livre, j'ai pensé à certains films
américains (Retour vers le futur, Sixième sens, L'Etrange histoire de Benjamin Button, Cosmopolis). Avez-vous
été influencé par la science-fiction ?
Je vais vous avouer un secret, je n’ai pas lu et vu le
film concernant « Benjamin Button » (mais j’ai commandé le
livre !). Le film Interstellar, ou Interstellaire au Québec, un film de
science-fiction britannico-américain produit, écrit et réalisé par Christopher
Nolan m’a interpelé.
A Stanford, j’étais inscrit dans un groupe d’études sur les univers parallèles. Les travaux de recherches de cette université en la matière sont les plus complets à ce jour. Depuis Einstein, nous avons appris que la séparation entre l'espace et le temps n'était pas si nette : L'un « communique » avec l'autre ; l'espace-temps se courbe ; plus je me rapproche de la vitesse de la lumière, plus le temps ralentit ; pour un photon, le temps est arrêté.
A Stanford, j’étais inscrit dans un groupe d’études sur les univers parallèles. Les travaux de recherches de cette université en la matière sont les plus complets à ce jour. Depuis Einstein, nous avons appris que la séparation entre l'espace et le temps n'était pas si nette : L'un « communique » avec l'autre ; l'espace-temps se courbe ; plus je me rapproche de la vitesse de la lumière, plus le temps ralentit ; pour un photon, le temps est arrêté.
Avec la théorie des cordes, tout est devenu encore plus
compliqué : il y aurait 7 dimensions cachées; au moment du big-bang, les 4
dimensions de notre univers – les 3 spatiales et la temporelle – se seraient
déroulées ; rien ne dit que nos 4 dimensions ne soient pas enroulées avec un
rayon de courbure immense …
Je vais vous avouer un autre secret, j’ai écrit deux versions de mon roman. La seconde, non publiée, est orientée univers parallèles. Plus science-fiction pour reprendre votre terme. Mais j’ai préféré publier celle que vous avez lue, car je souhaitais faire passer quelques messages.
Je vais vous avouer un autre secret, j’ai écrit deux versions de mon roman. La seconde, non publiée, est orientée univers parallèles. Plus science-fiction pour reprendre votre terme. Mais j’ai préféré publier celle que vous avez lue, car je souhaitais faire passer quelques messages.
4 - Quels sont vos auteur(e)s, acteurs / actrices, films préféré(e)s ?
Les auteurs que je suis tout particulièrement sont : Stephen King, Harlan Coben, John Grisham et Michael Connelly.
Mes acteurs / actrices français(es) sont : Patrick Bruel,
Omar Sy, Vincent Lindon et Emmanuelle Béart. Au niveau des acteurs US, j’ai un
faible pour Sean Penn et Scarlett Johansson.
Mes films préférés sont : La liste de Schindler,
Lucy, Interstellar et Casino Royale. Que du classique.
Quant aux chanteurs, je dirais : Johnny national, Patrick Fiori, Patrick Bruel, Franck Sinatra et Andrea Bocelli.
Quant aux chanteurs, je dirais : Johnny national, Patrick Fiori, Patrick Bruel, Franck Sinatra et Andrea Bocelli.
5 - Pourquoi avoir choisi une famille américaine et la ville
de Los Angeles ?
J’ai connu à Los Angeles une famille comme la famille
Carlson, comme décrite dans le livre. C’est sans doute une exception.
6 - Pourquoi avoir choisi un format court alors que vous
auriez pu développer l'intrigue ? Avez vous "élagué" votre manuscrit
? Souhaitez-vous écrire une suite ?
La raison est simple et personnelle. Je n’aime pas lire
les « gros pavés ». Et puis, il y aura effectivement une suite si
« Je suis mort hier » trouve son chemin.
7 - Que vous apporte la pratique du taekwondo par rapport à
l'écriture ? Les deux pratiques se nourrissent elles l'une de l'autre ?
Le taekwondo est plus qu’un art martial. C’est un art de vivre
qui véhicule les valeurs suivantes : la courtoisie, la politesse, la
modestie, la persévérance, l’engagement, etc.
J’essaie de transposer ces valeurs dans mes écrits.
J’essaie de transposer ces valeurs dans mes écrits.
8 - Avec qui aimeriez-vous entretenir une longue
correspondance et pourquoi ?
J’aimerais m’entretenir avec certains hommes ou femmes
politiques et leur dire qu’un pays comme la France, la 5e puissance
mondiale, n’a pas le droit de laisser des sans-abris dans les rues.
9 - Le deuil dont vous ne vous remettrez jamais ?
La mort de mon père ... j'en parle dans le livre. Pour vous, celui qui est mort en pesant 50 kg pour 1,80 m était mon père ...