Documentaire sur Violette Leduc le 12 mars à 22h50 sur Arte
"La chasse à l'amour"
"La chasse à l'amour"
Violette Leduc (1907-1972)
Parce qu'elle n'accepte pas le nouveau mari de sa mère, Thérèse, 17 ans, est placée en pension dans un collège pour filles où elle rencontre Isabelle qui l'éveille au plaisir sexuel. Chaque nuit, cachées derrière le rideau de percale de leur cellule de dortoir, elles explorent leur géographie intime jusqu'à l'épuisement en évitant de réveiller leurs camarades de classe et le personnel de surveillance.
J'ai été surprise et captivée par ce roman de Violette Leduc, écrit en 1946 et longtemps censuré (la version intégrale a été publiée en 2000), dont je ne connaissais pas du tout l'oeuvre. Son écriture singulière, à la fois poétique et crue, est une vraie découverte. Elle utilise des phrases courtes, percutantes et bourrées de métaphores, directement inspirées de ses propres passions homosexuelles, pour tenter de "rendre le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique". Je vous invite à dévorer d'une traite cet ouvrage (140 pages) et le glisser sous l'oreiller de votre compagne ou de votre compagnon. Cela pourrait bien être la parfaite invitation à un échange quant à la qualité d'écoute de vos corps et de leurs sensations.
Voici un florilège de citations tirées du roman :
"La cour fut à nous. Nous
courions en nous tenant par la taille, nous déchirions avec notre front cette
dentelle dans l'air, nous entendions le clapotis de notre coeur dans la
poussière. Des petits chevaux blancs chevauchaient dans nos seins".
"Elle souleva mon
bras, elle se nourrit dans l'aisselle. Ma hanche pâlissait. J'avais un plaisir
froid. Je ne m'habituais pas à tant recevoir. J'écoutais ce qu'elle prenait et
ce qu'elle donnait, je clignotais pas reconnaissance : j'allaitais".
"La caresse est
au frisson ce que le crépuscule est à l'éclair. Isabelle entraînait un
râteau de lumière de l'épaule jusqu'au poignet, elle passait avec le miroir à
cinq doigts dans mon cou, sur ma nuque, dans mon dos (…) Elle violait mon
oreille comme si elle avait violé ma bouche avec sa bouche. L'artifice était
cynique, la sensation singulière. Je me glaçai, je redoutai ce raffinement de
bestialité (…) Les doigts d'Isabelle s'ouvrirent, se refermèrent en bouton
de pâquerette, sortirent les seins des limbes et des roseurs. Je
naissais au printemps avec le babil du lilas sous ma peau".
"Isabelle allongée
sur la nuit enrubannait mes pieds, déroulait la bandelette du trouble. Les
mains à plat sur le matelas, je faisais le même travail de charme qu'elle. Elle
embrassait ce qu'elle avait caressé puis, de sa main légère, elle ébouriffait
et époussetait avec le plumeau de la perversité. La pieuvre dans mes entrailles
frémissait. Isabelle buvait au sein droit, au sein gauche. Je buvais avec elle,
je m'allaitais de ténèbres quand sa bouche s'éloignait. Les doigts revenaient,
encerclaient, soupesaient la tiédeur du sein, les doigts finissaient dans mon
ventre en épaves hypocrites".
Le sommeil, Gustave Courbet (1866) |
A gauche : Deux femmes dans un embrassement, Egon Schiele (1911)
En haut à droite : Un dessin de Foujita (1924)
En bas à droite : Deux filles allongées dans une position croisée, Egon Schiele (1915)
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire