La liseuse, Robert James Gordon (1877)

Ce site est le journal de mes découvertes au pays des merveilles des arts et des lettres.

Il est dédié à la mémoire de mon père, Pierre-Henri Carteron, régisseur de l'atelier photographique du Centre Georges Pompidou où il a travaillé de 1977 à 2001.

Un cancer de la gorge lui a ôté la voix. Les mots sont restés coincés en travers.

A ma mère qui m'a nourrie du lait de ses rêves.

"Ecrire, c'est rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour" (La part manquante, Christian Bobin).

mercredi 21 septembre 2022

L'amour en cage (Physalis)

A Chanteloup-en-Brie, j'ai arraché en secret une branche de physalis dont les lanternes oranges dépassaient d'un jardin en lisière du petit bois de Chigny. J'ai ensuite enfoui les graines, avec de la terre fraîchement prélevée au pied d'un arbre, dans ma tasse à l'effigie de la peintre Frida Kahlo. C'est un cadeau précieux de Laurent, que je viens de quitter, ramené du Palais des beaux-arts de Mexico. Nous suffoquions ensemble. J'arroserai désormais cette plante, appelée "amour en cage", comme pour célébrer la naissance d'une nouvelle vie. Le coeur de l'artiste, bien vivant sous son corset, me soufflera alors le chant de la femme libre.


Les lanternes de la physalis contiennent
un fruit comestible à graines
 

J'ai effectué un collage de 4 photos prises au bois de Chigny
en hommage à Séraphine


Séraphine Louis (dite de Senlis), Le bouquet de feuilles,
huile sur toile, 1929-1930, galerie Dina Vierny à Paris

dimanche 3 juillet 2022

La nuit, j'écrirai des soleils (Boris Cyrulnik)

Mary Shelley, auteure de Frankenstein
Portrait de Samuel John Stump, 1831
National Portrait Gallery à Londres

Boris Cyrulnik, neuropsychiatre connu pour ses travaux sur la résilience, convoque les déchirures d'écrivains célèbres (Jean Genet en particulier) pour mieux nous convaincre des bienfaits de l'imaginaire, du rêve et de la création. 

Le projet d'accomplir une œuvre, quel que soit le support, aide à métamorphoser sa souffrance. Dans la nuit traumatique, celui qui se sent abandonné peut choisir d'écrire des soleils. C'est un "travail de remaniement de la représentation de soi qui n'est pas un mensonge, car en construisant non consciemment une autre vérité, nous fabriquons un récit ensoleillé que nous aurons du bonheur à faire partager".

Ci-dessous, une des pages les plus émouvantes consacrée à Mary Shelley dont le monstre Frankenstein lui a permis d'exorciser la violence de ses émotions face à la mort, la perte et le manque. Les coutures de sa créature lui ont permis de refermer les plaies, de se raccomoder.




Une précieuse lecture précisément au soleil