The Black Cape Aubrey Beardsley (1897) |
A la mémoire de mon grand-père, Benoît Carteron.
Cette affiche se trouvait chez les parents de mon père à Saint-Symphorien-sur-Coise, un joli petit village perché dans les Monts du Lyonnais. Elle s'étendait, immense, sur le pan de mur de l'entrée face à la chambre d'enfant qui m'était réservée lorsque nous venions de Paris pour les vacances scolaires ou les fêtes de fin d'année. Au coucher, mon grand-père avait l'habitude de m'apporter en secret un biscuit à la vanille. Nos yeux souriaient de complicité gourmande à travers l'épais carreau de ses lunettes à monture noire. Il déposait un baiser sur mon front puis s'éloignait sur les craquements du parquet tel un ours rejoignant calmement sa forêt. C'est alors que je contemplais, grâce au vestibule qu'il laissait éclairé, la fée à la grande cape noire. D'un coup de baguette magique, mes paupières baissaient les rideaux pour la nuit. C'est beaucoup plus tard, en étudiant l'oeuvre de l'auteur britannique Oscar Wilde à l'université que j'ai retrouvé, émerveillée, l'image de la fée. Il s'agit d'une gravure d'Aubrey Beardsley figurant dans la première édition en français de Salomé (1892)*, une pièce de théâtre de Wilde qui ne put être jouée en Angleterre (l'héroïne, très éloignée des sources bibliques, est une femme fatale de la fin du XIXe siècle jugée décadente par la bonne société victorienne). Avec le temps l'affiche originale s'est effritée mais je n'ai jamais cessé, depuis l'enfance, de consolider ma passion pour l'art.
Cette affiche se trouvait chez les parents de mon père à Saint-Symphorien-sur-Coise, un joli petit village perché dans les Monts du Lyonnais. Elle s'étendait, immense, sur le pan de mur de l'entrée face à la chambre d'enfant qui m'était réservée lorsque nous venions de Paris pour les vacances scolaires ou les fêtes de fin d'année. Au coucher, mon grand-père avait l'habitude de m'apporter en secret un biscuit à la vanille. Nos yeux souriaient de complicité gourmande à travers l'épais carreau de ses lunettes à monture noire. Il déposait un baiser sur mon front puis s'éloignait sur les craquements du parquet tel un ours rejoignant calmement sa forêt. C'est alors que je contemplais, grâce au vestibule qu'il laissait éclairé, la fée à la grande cape noire. D'un coup de baguette magique, mes paupières baissaient les rideaux pour la nuit. C'est beaucoup plus tard, en étudiant l'oeuvre de l'auteur britannique Oscar Wilde à l'université que j'ai retrouvé, émerveillée, l'image de la fée. Il s'agit d'une gravure d'Aubrey Beardsley figurant dans la première édition en français de Salomé (1892)*, une pièce de théâtre de Wilde qui ne put être jouée en Angleterre (l'héroïne, très éloignée des sources bibliques, est une femme fatale de la fin du XIXe siècle jugée décadente par la bonne société victorienne). Avec le temps l'affiche originale s'est effritée mais je n'ai jamais cessé, depuis l'enfance, de consolider ma passion pour l'art.
* : Voici quelques planches d'illustrations de Salomé : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3144039/f13.panchecontact
Portrait d'Aubrey Beardsley par Félix Vallotton dans La Revue blanche (mai-août 1898) |
Aubrey Beardsley (1872-1898) est un illustrateur britannique, souvent associé au mouvement
Art Nouveau. Dandy et moderniste, il est également auteur, poète et musicien.
Venu dans le Sud de la France pour soigner sa tuberculose, il meurt à Menton dans le
dénuement à l'âge de 25 ans. Il reste connu pour ses illustrations stylisées et sinueuses en noir et blanc où l'on perçoit
l'influence de l'art japonais (dessins érotiques) et du rococo. Son travail est une critique de l'hypocrisie de la société victorienne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire