La liseuse, Robert James Gordon (1877)

Ce site est le journal de mes découvertes au pays des merveilles des arts et des lettres.

Il est dédié à la mémoire de mon père, Pierre-Henri Carteron, régisseur de l'atelier photographique du Centre Georges Pompidou où il a travaillé de 1977 à 2001.

Un cancer de la gorge lui a ôté la voix. Les mots sont restés coincés en travers.

A ma mère qui m'a nourrie du lait de ses rêves.

"Ecrire, c'est rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour" (La part manquante, Christian Bobin).

jeudi 19 mai 2016

Mémoire de fille, Annie Ernaux

" C'est l'absence de sens de ce que l'on vit au moment où on le vit qui multiplie les possibilités d'écriture."

" Ce n'est pas la réalité de mon histoire avec H que je veux raconter, c'est une manière de ne pas être au monde - de ne pas savoir s'y comporter (...) Ce récit serait donc celui d'une traversée périlleuse, jusqu'au port de l'écriture. Et, en définitive, la démonstration édifiante que, ce qui compte, ce n'est pas ce qui arrive, c'est ce qu'on fait de ce qui arrive."

Dans ce nouveau texte autobiographique, Annie Ernaux continue d'écrire la vie (titre du recueil disponible dans la collection Quarto Gallimard). Elle épuise de mots le réel pour en rendre l'existence et cherche à raconter au plus juste, par le biais d'un va-et-vient implacable entre hier et aujourd'hui, celle qu'elle fut avant et après sa "première fois". Elle fait appel à la mémoire de ses sensations, plonge dans les lettres et photographies de l'époque et tend la main à "la fille de 58" - mais conserve tout de même une distance de sécurité en employant souvent la troisième personne "elle", c'est-à-dire la personne absente, celle dont on parle (on retrouvera le thème de la honte face aux autres) - pour mieux s'approcher du coeur des femmes : comment vivons-nous, chacune dans le secret de notre intimité, cette première expérience sexuelle qui marque la fin de notre adolescence pour définir les fondements de notre vie d'adulte ? Perdre sa virginité, c'est aussi se perdre. Et parfois, pendant des années, s'étonner de ce qui s'est réellement passé. Bref, ne pas en revenir ... 

Cet été 1958, Annie Ernaux a dix-huit ans. Elle est monitrice à l'aérium de Sées dans l'Orne. C'est sa première sortie en dehors du foyer familial. Elle découvre donc la liberté, l'enchantement de vivre entre jeunes du même âge, les surprises-parties. Jusqu'à ce que H, le moniteur chef (un grand blond baraqué de vingt-deux ans, déjà fiancé, professeur de gymnastique dans un collège technique à Rouen), l'emmène dans sa chambre. Elle se laisse faire, subjuguée par le désir qu'il a d'elle. Malheureusement, il ne lui offre en compensation aucune tendresse, pas davantage de reconnaissance : "Ce n'est pas à lui qu'elle se soumet, c'est à une loi indiscutable, universelle, celle d'une sauvagerie masculine qu'un jour ou l'autre il lui aurait bien fallu subir. Que cette loi soit brutale et sale, c'est ainsi." Elle sera ensuite non seulement abandonnée mais humiliée : le cuisinier de la colonie affiche publiquement le brouillon d'une lettre sentimentale, trouvé dans la poubelle, écrite à sa meilleure amie (elle y évoque son amour pour H qui lui préfère une jolie blonde à la plastique de pin-up). Cependant, malgré la cruauté de la situation, Annie ne renonce pas au bonheur du groupe et, fière d'être un objet de convoitise, se met à flirter avec d'autres garçons. La quantité lui paraît la preuve de sa valeur séductrice. Elle affronte alors les railleries grasses et les insultes (elle est traitée de "putain sur les bords") : "Ce qui a eu lieu dans le couloir de la colonie se change en une situation qui plonge dans un temps immémorial et parcourt la terre. Chaque jour et partout dans le monde il y a des hommes en cercle autour d'une femme, prêts à lui jeter la pierre". 

L'irruption de la sexualité dans sa vie n'est pas sans séquelles psychologiques pour Annie. En effet, de retour de colonie, elle semble payer son "inconduite". Elle est atteinte d'une aménorrhée et de crises de boulimie pendant deux ans ("forme monstrueuse, désespérée, du vouloir vivre à tout prix, même celui du dégout de soi et de la culpabilité"). Affamée d'amour, tout lui échappe. En particulier le "programme de perfection" visant à plaire de nouveau à H l'été prochain (maigrir, devenir blonde, faire des progrès intellectuels, apprendre à nager, danser et conduire). Elle se fourvoie également dans un métier qui ne lui convient pas (institutrice) avant de partir six mois à Londres comme jeune fille au pair. C'est dans cette ville qu'elle ressent pour "la première fois" le besoin d'écrire. 

Puis, à l'automne 1960, son appétit et ses règles reviennent alors qu'elle s'inscrit en lettres à la faculté de Rouen. Deux ans plus tard, elle se gare en voiture devant la colonie, sans pénétrer les lieux, comme pour affirmer sa nouvelle identité d'étudiante brillante et convenable. C'est aussi un moyen de puiser la force d'écrire le roman qu'elle veut entreprendre : "Une sorte de préalable nécessaire, bénéfique à l'écriture, de geste propitiatoire - le premier d'une série qui me fera plus tard retourner dans divers endroits - ou de prière, comme si le lieu pouvait être un obscur intercesseur entre la réalité passée et l'écriture." Tout le projet de Mémoire de fille figurait déjà dans une note d'intention à propos de ce premier roman : "Explorer le gouffre entre l'effarante réalité de ce qui arrive, au moment où ça arrive et l'étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé."

La jeune fille juste avant (dix-sept ans)

Cette photographie de février 1958 était collée dans le livret scolaire d'Annie Duchesne (son nom de jeune fille) au pensionnat Saint-Michel d'Yvetot. Le pull noir à col officier vient de la boutique de sa mère. Elle n'a encore jamais vu ni touché un sexe d'homme. 

A gauche : Jeune femme au lit, 1952
A droite : Hotel Bedroom, 1954 (Lucian Freud et sa seconde femme Caroline Blackwood)

Ces deux toiles de Lucian Freud, peintre figuratif britannique (1922-2011), pourraient très bien illustrer l'état mental d'une jeune fille déçue après sa première relation charnelle. A droite, elle est pensive, le regard détourné. A gauche, elle semble triste, vidée, voire traumatisée. Son regard est vide et la main posée sur sa joue contient une douleur passée sous silence. Cet état de glaciation intérieure creuse une profonde distance avec son amant qui plante étrangement son regard dans le nôtre. Il nous défie et interroge notre propre malaise. Le spectateur est pris en flagrant délit de "voyeurisme". On ne devrait pas voir accès à cette intimité peu flatteuse pour le couple. 


***** La honte ***** 

Il est intéressant de relier Mémoire de fille à La honte paru en 1996. Elle y dissèque la honte inaugurale éprouvée à douze ans lorsque son père a tenté de tuer son épouse après une terrible dispute (il l'a menacée avec une serpe à couper le bois dans la cave). Annie, alors élève nonchalante (elle a de grandes facilités à l'école), vivra désormais dans l'hyper-conscience et la terreur sans mots de ce dimanche de juin 1952 : "J'ai toujours eu envie d'écrire des livres dont il me soit ensuite impossible de parler, qui rendent le regard d'autrui insoutenable. Mais quelle honte pourrait m'apporter l'écriture d'un livre qui soit à la hauteur de ce que j'ai éprouvé dans la douzième année". La honte réside également dans son statut de transfuge qui hante tous ses textes : poursuivre de hautes études, enseigner à la faculté, devenir écrivaine, c'est avoir l'impression de trahir son milieu et ses parents bistrotiers. 

***** L'autre fille ***** 

L'autre fille révèle au lecteur une autre "première fois" : Annie a dix ans lorsqu'elle apprend l'existence d'une soeur morte de la diphtérie avant sa naissance. Sa mère décrit l'étouffement de Ginette, âgée de six ans, à une cliente de l'épicerie. Personne n'avait jamais évoqué le souvenir de celle-ci auparavant : "J'étais dupe dans le sens populaire, mortifiée. J'avais vécu dans l'illusion. Je n'étais pas unique. Il y en avait une autre surgie du néant. tout l'amour que je croyais recevoir était donc faux." Annie ressent la honte du survivant. Elle comprend pourquoi enfant délicate, victime d'affections ou accidents insolites, elle s'en est toujours miraculeusement sortie (fièvre aphteuse à quelques mois, boiterie et port de plâtres, chute sur un tesson de bouteille à quatre ans : elle en garde une cicatrice en bourrelet sur la lèvre, myopie qui ne cesse de s'aggraver, tétanos à cinq ans). Inconsciemment, la mort de Ginette lui a donné la fièvre de vivre et d'écrire (le dur désir de durer, pour reprendre le titre du recueil de poèmes de Paul Eluard) : "Je n'écris pas parce que tu es morte. Tu es morte pour que j'écrive, ça fait une grande différence." Elle notera dans son journal en août 1922 : "Enfant - est-ce l'origine de l'écriture ? - je croyais toujours être le double d'une autre vivant dans un autre endroit. Que je ne vivais pas non plus pour de vrai, que cette vie était "l'écriture", la fiction d'une autre. Ceci est à creuser, cette absence d'être ou cet être fictif."


Ci-contre, une lithographie d'Ethel Léontine Gabain, artiste britannique (1882-1950), née au Havre et formée aux Slade and Central Schools à Londres.

L'illustration figure dans une édition ancienne du roman préféré d'Annie Ernaux : Jane Eyre (1923, Imprimerie Nationale). Elle représente Jane Eyre veillant Helen Burns, sa meilleure amie mourante de la tuberculose, au sinistre pensionnat de Lowood (Charlotte Brontë, l'auteure de ce chef d'oeuvre de la littérature victorienne, a perdu deux soeurs, Maria et Elizabeth, atteintes de cette maladie).

Annie Ernaux s'identifie à Jane (l'héroïne est miraculeusement indemne du typhus qui décime les élèves de Lowood) tandis qu'elle imagine Ginette sous les traits de la sage et pieuse Helen Burns.

Mon article précédent sur l'oeuvre d'Annie Ernaux : 
http://marieaimeecarteron.blogspot.fr/2014/12/ecrire-la-vie-annie-ernaux.html

vendredi 11 mars 2016

James Dean et Dorothy Parker

Vivre vite
Philippe Besson 

Philippe Besson plonge aux origines du mythe James Dean à travers un roman choral où se succèdent la voix des proches de l'acteur (parents, amis, conquêtes, acteurs, agents, réalisateurs) pour nous livrer un portrait vivant et minutieux de l'étoile filante d'Hollywood : un homme au profil singulier qui ne s'est jamais remis de la perte de sa mère et qui aimait les femmes et les hommes ...

James Dean, né le 8 février 1931, est un enfant turbulent à la santé fragile. Très tôt, il porte des lunettes à cause d'une myopie sévère. Ses parents, Winton et Mildred, déménagent souvent avant de s'installer à Santa Monica en Californie (son père obtient un travail au Centre des anciens combattants de Los Angeles). A la maison, James improvise des pièces de théâtre avec sa mère, une femme gaie et fantasque, qui l'inscrit à un cours de claquettes, le pousse vers les matières artistiques (piano, violon, danse), l'encourage à une meilleure connaissance de lui-même. Il a neuf ans lorsqu'elle est emportée d'un cancer de l'utérus. Sa disparition le terrasse. Il accompagnera même son cercueil dans un train : un éprouvant trajet de 2000 kilomètres pour l'enterrer dans sa terre natale d'Indiana. "Abandonné" par son père (c'est ainsi qu'il le ressent), il est élevé par son oncle et sa tante, un couple de Quacker, qui possèdent une ferme à Fairmont. James se sent bien parmi les bêtes, conduit le tracteur, monte aux arbres, fait des acrobaties (il se casse d'ailleurs toutes les dents de devant lors d'une chute de trapèze), récite des poèmes avec son accent du Midwest et imite les prêches du pasteur de l'église. Dès l'adolescence, il cherche des guides spirituels, plutôt féminins. Il y a d'abord Adeline Brookshire, son premier professeur d'art dramatique, qui lui redonne confiance et tente de canaliser sa résistance à toute forme d'autorité (il a un caractère difficile, s'emporte rapidement, ne supporte pas la moindre critique). Elle est surtout frappée par la fragilité assumée du jeune homme, son culot et la gravité de son regard où se trouve "quelque chose de lumineux et de violent". Il y a ensuite Elizabeth McPherson, son professeur de lycée, dans les bras de laquelle, à seize ans, il se laisse aller. Mais les filles ne sont pas sa priorité (elles sont d'ailleurs très déçues par cet amant pressé et maladroit). En effet, il préfère vivre en toute discrétion quelques aventures au masculin avec le comédien Bill Bast, son colocataire à Los Angeles, et le publicitaire Rogers Brackett. A dix-huit ans, il se déclare homosexuel pour échapper au service militaire et part vivre à New York où il enchaine les petits boulots. Gravement insomniaque, il erre dans les bars, fume cigarette sur cigarette, boit beaucoup de whisky et se bagarre facilement. Il partage la vie de sa confidente Elizabeth Sheridan (Dizzy), comédienne et danseuse dans un bouge de Harlem. En 1952, il est reçu à l'Actors Studio. C'est le début de sa véritable carrière au théâtre (le dramaturge Tennessee Williams est épaté par la puissance et la justesse de son jeu dans See The Jaguar à Philadelphie) et au cinéma où il domine parfaitement son trac. La rencontre avec le réalisateur Elia Kazan est décisive. Celui-ci lui offre le rôle de Cal Trask dans A l'est d'Eden, l'adaptation du roman de John Steinbeck (la légende d'Abel et Cain version contemporaine) : "Il avait tout du petit morveux, de la tête à claques et, en même temps, je devinais chez lui une fragilité, une blessure, des névroses peut-être, des failles en tout cas qui m'intéressaient. Il serait parfait en jeune homme tourmenté". Avec sa première avance sur cachet, James s'empresse d'acheter une voiture, une moto et un cheval (il a toujours été grisé par la vitesse). Il entame une aventure passionnée avec l'actrice italienne Pier Angeli (en réalité Anna Maria) mais celle-ci lui résiste et rompt brutalement (sa mère est farouchement hostile à leur relation). Il rencontre ensuite Marlon Brando, Natalie Wood (sa partenaire dans La Fureur de vivre : l'histoire de trois adolescents inadaptés) et Elizabeth Taylor (sa partenaire dans Géant). En septembre 1955, il percute la voiture de Donald Turnupseed sur la route de Salinas à bord de sa Porsche flambant neuve (modèle Spyder 550). Il meurt à vingt-quatre ans.

James Dean, New York, 1955 (photo Dennis Stock)

James Dean, New York, 1955 (photo Dennis Stock)

Le photographe Dennis Stock saisit à merveille la dégaine de l'acteur : regard et sourire à la provocation innocente, poches sous les yeux, cheveux en broussaille, épaules rentrées, cigarette qui tombe au coin de la bouche, mains enfoncées dans les poches. James Dean est, d'après tous ses proches, d'une beauté à couper le souffle alors qu'il ne possède aucun des canons de l'époque : petit gabarit (1,72 mètres), binoclard, mal fichu et un peu vouté. On peut voir toutes les autres photos de Dennis Stock à l'adresse suivante : www.magnumphotos.com/Catalogue/Dennis-Stock/1955/USA-James-DEAN-US-actor-1955-NN146418.html


James Dean, New York, 1955 (photo Dennis Stock)

L'acteur prend des cours de danse chez Katherine Dunham, chorégraphe afro-américaine, pour mieux utiliser son corps sur scène et devant la caméra. Enchanté de brouiller les pistes, il assume le choix de disciplines artistiques méprisées des hommes et persévère malgré les quolibets.

James Dean adore la compagnie des bêtes dans la ferme de son oncle et sa tante
Fairmont, Indiana, 1955 (photo Dennis Stock)

James Dean s'amuse dans un cercueil quelques mois avant sa mort
Salon funéraire à Fairmont, Indiana, 1955 (photo Dennis Stock)

James Dean et Elizabeth Taylor dans le film Géant, 1956

L'acteur est ingérable sur le plateau de Géant. Il cumule retards, improvisations hasardeuses, incartades et disputes avec Rock Hudson. Il confie à Liz Taylor, comme elle l'écrira dans ses mémoires, avoir été abusé par un pasteur durant son adolescence dans l'Indiana. Un homme qui partageait aussi avec lui sa passion pour la corrida et les courses automobiles. Cet épisode a sans doute durablement perturbé le jeune-homme.

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Excusez moi pour la poussière (théâtre)
Jean-Luc Seigle

Le texte de Jean-Luc Seigle est une pièce de théâtre en huit tableaux qui éclairent des épisodes importants de la vie de la romancière américaine Dorothy Parker (actuellement incarnée par Natalia Dontcheva au théâtre Le Lucernaire à Paris jusqu'au 19 mars).

L'action se déroule de 1950 à 1962 à l'Hôtel Volney à New York. La romancière, âgée de cinquante ans, y réside et passe ses journées en peignoir devant sa machine à écrire (elle fournit des critiques littéraires, souvent pour la revue Esquire) : "L'important dans un hôtel c'est justement cette absence d'étanchéité. C'est rassurant de sentir à travers tous les petits bruits qu'on entend, toutes ces petites vies minables tout près, tout le temps ; sinon où croyez-vous que je trouverais des sujets pour écrire mes nouvelles ?". Elle pense à son testament*(1), boit deux bouteilles de whisky par jour et s'adresse à voix haute aux personnes chères à son coeur : son ange gardien Charly (le concierge noir de l'hôtel), sa chienne Misty et son ex-mari Alan, acteur et scénariste à Hollywood, qu'elle s'apprête à épouser une seconde fois (il a douze ans de moins qu'elle mais disparaîtra avant sa femme : sa mort coïncidera par ailleurs avec celle de Marilyn Monroe pour laquelle ils avaient écrit ensemble une comédie). En une centaine de pages, l'auteur réussit à nous livrer, via un monologue au registre familier - donc très vivant - une biographie éclair de Dorothy Rothschild Parker alias "Dottie". On découvre une femme au caractère bien trempé, à la fois rebelle, caustique, alcoolique, dépressive (elle tente de se suicider à deux reprises) et redoutablement seule (elle est incapable de partager le quotidien d'un homme alors qu'elle fut toute sa vie entourée de chiens). Son franc parler (elle parle crûment de sexe) et son humour corrosif (elle hait la bourgeoisie, la famille et la religion) contrastent avec la coquetterie de ses somptueuses tenues, vestiges de la fortune paternelle (robes de haute couture, fourrures et bijoux). Politiquement engagée, elle milite contre l'exploitation des pauvres (notamment les employés de maison et les immigrés confrontés aux désillusions du rêve américain), la ségrégation des noirs (elle lègue l'ensemble de ses droits littéraires au mouvement du pasteur Martin Luther King) ou bien encore la peine de mort. Victime du maccarthysme et inscrite sur la liste noire du cinéma*(2)elle crée un syndicat d'auteurs et se bat pour les droits des scénaristes face aux producteurs. A t'elle un seul regret ? Oui, peut-être celui de ne pas avoir su, en dehors de ses nouvelles, écrire un roman.

Le passage le plus réjouissant du texte de Jean-Luc Seigle - parce qu'il traduit le féminisme radical de Dottie - est celui dans lequel elle rejette le rôle de la femme au foyer : "Les femmes d'intérieur ! Celles-là, je les déteste. Tellement ligotées au bonheur. Non mais il faut voir comment elles font attention à tout ce qui pourrait mettre en péril ce bonheur de rien du tout. Primo, repousser discrètement les maîtresses éventuelles de leur mari avec une naïveté feinte, mais efficace ; deuxio, n'avoir que des amies très laides ; tertio, n'avoir qu'une seule idée en tête toute la journée : le dîner du soir. Ah ! ce diner du soir, pris en famille autour du héros qui rentre du travail comme s'il était allé chasser leur pitance au péril de sa vie !".

***** Notes *****

*(1) : Le titre du livre reprend l'épitaphe que Dorothy Parker souhaitait faire graver sur son urne funéraire. Après son décès, celle-ci fut oubliée, pendant vingt-deux ans, sur une étagère de la grande bibliothèque de l'Association nationale pour l'avancement des gens de couleur à Baltimore, à l'endroit où aurait dû être rangé son roman. En 1988, on a enfoui ses cendres dans le parc de cette association.

*(2) : La liste noire est une liste d'artistes à qui les studios hollywoodiens refusaient tout emploi, parce qu'ils les soupçonnaient de sympathie avec le parti communiste américain (1947 à 1960).


***** James Dean et Dorothy Parker, quelque chose en commun ? *****

Deux auteurs français contemporains (Philippe Besson et Jean-Luc Seigle) s'attachent à aborder de la manière la plus simple qui soit - le lecteur ne croule pas sous les références biographiques - deux légendes américaines dont la rébellion se consume dans l'alcool. James Dean, le jeune fougueux, et Dorothy Parker, l'intellectuelle mûre mais immature, sont tous les deux orphelins (James perd sa mère à neuf ans, Dottie est privée de la sienne à 6 ans), solitaires, avides de gloire à Hollywood et ivres de vitesse. L'un incarne les textes sur grand écran et monte à bord de bolides. L'autre vide les verres aussi rapidement qu'elle tape à la machine pour produire des scénarios dans l'ombre.

lundi 8 février 2016

Le charme discret de l'intestin, Giulia Enders

Suite à la guérison de sa grave maladie de peau grâce à un changement radical d'alimentation, Giulia Enders, étudiante allemande de vingt-six ans passionnée de gastroentérologie (elle finalise actuellement sa thèse de microbiologie à l'université de Francfort), écrit Le charme discret de l'intestin qui plaide avec humour en faveur d'un organe négligé, voire maltraité (il constitue pourtant deux tiers de notre système immunitaire et produit vingt hormones qui lui sont propres !). Cet essai, illustré par sa propre soeur, figure depuis de longs mois dans le palmarès des meilleures ventes de livres en France. Comment expliquer un tel succès ? Sans doute parce que de nombreux patients, déçus de la médecine "classique", cherchent en vain des explications quant à leurs désordres intestinaux. Victime d'intolérances alimentaires depuis 2011 (essentiellement le blé et les produits laitiers), je me suis penchée avec intérêt sur les résultats des toutes dernières recherches scientifiques quant au rôle du "deuxième cerveau", présentées ici de façon simple et ludique, sur notre bien-être. Inflammations chroniques, surpoids, dépression, diabète, maladies de peau ... et si tout se jouait dans l'intestin ?

Giulia Enders nous offre d'abord une visite guidée au sein de notre système digestif. Elle nous apprend notamment que l'intestin grêle est tapissé d'environ sept kilomètres de petites vagues formées par les villosités : des organes microscopiques, sorte de petits fanons à la texture proche du velours, qui ont pour fonction de faciliter le passage dans le sang des nutriments. Elle décompose ensuite notre matière fécale (eau, bactéries, fibres non digestibles, déchets médicamenteux, colorants et cholestérol) dont elle interprète la composition, la couleur et la consistance (l'échelle de Bristol, publiée en 1997, décrit l'aspect des sept types de selles humaines) : "Observez la vitesse à laquelle vote oeuvre s'enfonce dans l'eau. Si elle sombre au fond de la cuvette en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, c'est peut-être qu'elle contient encore beaucoup de nourriture mal digérée. Pour flotter un temps à la surface, les selles doivent renfermer de petites bulles de gaz. Celles-ci proviennent de bactéries intestinales qui, dans la plupart des cas, font du bon boulot. Si vous ne souffrez pas par ailleurs de ballonnements, cette trace de leur présence est donc un bon signe." Puis, elle consacre une partie de son ouvrage au système nerveux entérique qualifié de "deuxième cerveau" parce que l'intestin est tout aussi étendu et présente la même complexité chimique que le cerveau. Les deux sont d'ailleurs reliés par le nerf vague ou pneumogastrique : "une ligne de téléphone qui relie l'intestin à la centrale cérébrale". Elle nous explique par exemple que les sujets très exposés à l'hormone du stress souffrent de maux de ventre (ballonnements, gaz, diarrhées ou constipation) qui traduisent un état anxieux ou dépressif à l'origine de micro-inflammations ou d'une hypersensibilité temporaire à certains aliments. La plus courante des intolérances alimentaires est celle au gluten (amalgame de protéines issues de céréales telles que le blé). On peut par ailleurs s'interroger quand à la recrudescence des intolérances : n'est-ce pas la réaction tout à fait saine d'un corps qui, en l'espace d'une génération, a du s'adapter à une alimentation telle qu'elle n'a encore jamais existé : "Tandis que nos ancêtres, les chasseurs-cueilleurs, mangeaient chaque année jusqu'à cinq cent variétés de racines, d'herbes et de végétaux, nous nous nourrissons aujourd'hui le plus souvent de dix-sept plantes utiles. Rien d'étonnant, donc, à ce que notre tube digestif ait du mal à "digérer" cette évolution." L'auteur consacre enfin une grande partie du livre à la planète microbienne et au système immunitaire : les bactéries constituent 90% de notre population intestinale. Vous ferez ainsi connaissance avec la famille des bonnes bactéries qui produisent entre autres la vitamine B1 (dont le cerveau a besoin pour nourrir les cellules nerveuses et les envelopper d'une gaine de graisse isolante : une carence se manifeste par des tremblements musculaires et des pertes de mémoire) ou avec la famille des mauvaises bactéries (la salmonelle, la toxoplasmose, les oxyures ou vers intestinaux qui se nourrissent de sucre). Vous vous étonnerez sans doute de l'existence d'Helicobacter : une bactérie à multi facettes. En effet, son germe peut tantôt produire des toxines dangereuses (elle provoque des troubles gastriques et favorise les risques de cancer de l'estomac ou la maladie de Parkinson) tantôt déclencher des mécanismes de protection en interaction avec notre corps (elle combat l'asthme et l'eczéma).

Parmi les conseils livrés par l'auteur, voici les plus intéressants : s'accroupir pour déféquer, ce qui éviterait les diverticules et les hémorroïdes (il est même possible de rester assis dans cette position à l'aide d'un petit tabouret devant les WC), consommer de bonnes graisses aux propriétés anti-inflammatoires (les huiles végétales de colza, lin et chanvre contiennent des acides alpha-linoléniques bénéfiques en cas de migraines fréquentes ou de douleurs menstruelles), manger du vrai gingembre pour stopper les nausées (des substances contenues dans les rhizomes de cette plante bloquent le centre du vomissement), surveiller la prise de poids si certains marqueurs inflammatoires sont supérieurs à la moyenne (attention aux déséquilibres hormonaux, à la carence en vitamine D ou à une alimentation trop riche en gluten), manger un yaourt par jour (les rhumes sont moins fréquents), respecter les méthodes d'entretien intelligentes pour contenir les bactéries qui se multiplient dans un espace protégé, chaud et humide (aérer les pièces, essorer au maximum les éponges et les torchons, régler le thermostat du réfrigérateur qui ne doit pas dépasser les 5°C, préférer les planches à découper en plastique à celles en bois car les bactéries survivent bien mieux dans les fentes et rainures du bois). Le chapitre le plus instructif est celui qui concerne justement les mauvaises bactéries et les moyens de les éviter : consommer des fruits et légumes ainsi que de la viande bio (le cahier des charges de l'élevage bio limite plus strictement la quantité d'antibiotiques administrés aux animaux), se laver les mains fréquemment en vacances (un vacancier sur quatre rapporte des germes ultra résistants de son voyage en Inde, Asie, Moyen-Orient ou Europe du Sud), s'offrir une cure de probiotiques pendant quatre semaines (ils augmentent nos capacités à assimiler les aliments, minéraux et vitamines, fabriquent de petites doses d'antibiotiques et d'anticorps, luttent contre la diarrhée ou la constipation) et multiplier les prébiotiques* (certains aliments atteignent le gros intestin et vont nourrir les bonnes bactéries). A la toute fin du livre, on entrevoit la solution future pour greffer de bonnes bactéries capables de s'enraciner durablement dans nos intestins : la transplantation. Des entreprises travaillent déjà à des implants synthétiques.

Une liste de probiotiques 

Poireau, asperge, ail, oignon, endive, salsifis, topinambour, artichaut, seigle, avoine, amidon résistant (il se forme quand on laisse refroidir les pommes de terre et le riz après cuisson).

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Si vous êtes toutefois intéressé par l'alimentation, je vous conseille l'enquête de Julien Venesson, journaliste scientifique et consultant en nutrition : Gluten, comment le blé moderne nous intoxique. Vous comprendrez alors que la sensibilité ou l'intolérance au gluten n'est absolument pas un phénomène de mode (sauf pour ceux qui veulent perdre du poids à tout prix) mais une "maladie de civilisation". En effet, les agronomes ont profondément modifié les gènes du blé :  celui-ci pose donc beaucoup plus de problèmes que les variétés ancestrales car il perturbe la zonuline (une protéine qui régule la perméabilité intestinale). 

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D'un point de vue linguistique, ce que nous sommes, c'est également ce que nous avons dans le ventre. Nous sommes pris aux tripes, nous avons les foies ou l'estomac noué, nous nous faisons de la bile, nous ravalons notre colère, digérons les affronts, etc ...

L'auteur évoque des sujets à priori tabous avec des métaphores drôles, inspirées et décomplexantes . Elle nous réconcilie ainsi avec nos "pets de travers" : "Le tube digestif sait s'entourer d'alliés efficaces : avec pas moins de trois couches de muscles lisses, il est extrêmement souple dans ses mouvements et peut exécuter des chorégraphies différentes selon les endroits. Et le chorégraphe chargé de régler les pas et les figures de ces muscles, c'est le système nerveux viscéral ! (...) J'en conviens, un rot ou un pet n'ont peut-être rien de très raffiné, mais sachez-le : les mouvements qui les induisent sont aussi élégants que ceux d'une danseuse étoile."



Les dessins humoristiques de Jill Enders accompagnent parfaitement le texte. Ils sont réalisés à l'encre de chine et leurs contours enfantins plairont également aux enfants ! :

"Notre intestin grêle est un maniaque de la propreté. Il fait partie de ceux qui, après un bon dîner, vont aussitôt débarrasser la table et remettre de l'ordre dans la cuisine (...) Une heure après la digestion, il lance le programme autonettoyant. Les manuels évoquent ce processus sous le nom de "complexe moteur migrant (CMM) baptisé housekeeper, la fée du logis (...) Quand on grignote sans arrêt, les coups de balai se font plus rares. Le fonctionnement de notre programme autonettoyant corrobore le conseil des nutritionnistes, qui recommandent une pause de cinq heures entre les repas."



Ci-dessus : Vertumne (Rodolphe II), peinture de Giuseppe Arcimboldo (1590).

Rodophe II (1552-1612), empereur germanique, était aussi roi de Hongrie et de Bohême. Il est représenté en Vertumne. Ce dernier était à l'origine un dieu étrusque avant de passer dans le panthéon romain. Dieu des jardins et des récoltes de l'automne, il représentait, pour les Romains, une puissance secrète qui faisait éclore les fruits et les légumes.

mardi 12 janvier 2016

La couleur du lait, Nell Leyshon

L'auteure

La couleur du lait, premier opus de Nell Leyshon traduit en français, a été publié en 2012. La romancière, née à Glastonbury dans le comté du Dorset au Royaume-Uni, a poursuivi des études de littérature anglaise à l'université de Southampton. Elle s'est ensuite fait connaître grâce à ses pièces de théâtre enregistrées pour la BBC. Elle est membre associée de Vita Nova, un organisme artistique basé à Boscombe (banlieue de Bournemouth) qui vient en aide aux alcooliques et toxicomanes par le biais d'ateliers d'expression créative. 

L'histoire

En 1831, Mary, misérable petite paysanne de quinze ans, affligée d'une patte folle et de cheveux "couleur du lait", entame le récit de sa courte et tragique existence dans la campagne anglaise du Dorset. Sa vie a basculé lorsque son père (un fermier brutal) l'a envoyée chez le révérend Graham pour servir et tenir compagnie à son épouse (elle décède rapidement d'une maladie cardiaque). Monsieur Graham, souffrant de solitude, se rapproche de la jeune-fille dont il apprécie le tempérament impulsif et rebelle (elle a la répartie bien affûtée et ne craint pas de dire ce qu'elle pense). Il lui apprend à lire et à écrire tous les soirs à l'heure du thé mais abuse d'elle (est-ce le prix à payer pour la leçon ?). Mary finit par l'étrangler avec un fil à fromage avant d'être emprisonnée. Au fond de sa cellule, elle confie porter un enfant, fruit des viols successifs du pasteur, dont elle taira l'existence jusqu'à sa pendaison : "si je leur dis ils me garderont ici derrière cette porte fermée pour le restant de mes jours, ils me prendront le bébé et je ne le verrai plus. je ne les laisserai pas faire. alors je me tais. je sais ce qu'ils vont me faire. ils vont me passer une corde autour du cou comme j'ai mis le fil autour du sien. et quand je serai morte mes jambes se balanceront au-dessus de la foule. et mon bébé mourra avec moi. en moi. mon bébé restera toujours auprès de moi. ses cheveux auront peut-être la couleur du lait mais ils ne seront jamais souillés par le sang. à présent j'ai fini et je n'ai plus rien à vous dire. je vais écrire ma dernière phrase et je vais prendre le papier buvard pour que les gouttes d'encre au bout de chaque mot ne fassent pas de tache. et après je serai libre."


Peinture ci-dessus : Two milkmaids, 1906, Franck Antoine Bail (peintre issu d'une famille d'artistes lyonnais spécialisé dans les portraits, les scènes d'intérieur du monde rural, les natures mortes et les fleurs). Dans le roman, Mary partage les tâches domestiques avec Edna qui sera renvoyée après le décès de Madame Graham. 

Coup de coeur des blogueurs 

L'histoire est relativement pauvre - et la psychologie des personnages peu fouillée - par rapport aux romans anglais victoriens auxquels il s'apparente. J'ai cependant noté deux aspects intéressants : le travail du style et l'image finale qui renvoie au sang de l'enfantement.

Il y a en effet dans ce roman un gros travail d'écriture pour rendre compte du "parler-vrai" de Mary qui vient tout juste de faire l'apprentissage de la lecture et de l'écriture auprès du pasteur Graham. Nell Leyshon traduit ses maladresses de langage grâce à l'emploi d'un vocabulaire familier et d'une syntaxe approximative (répétitions du verbe avoir au lieu du verbe être, ponctuation minimale, oubli des majuscules, absence de tirets pour retransmettre les dialogues). Ainsi, le lecteur s'identifie davantage à la jeune-fille dont il a l'impression d'entendre la voix émerger dans sa propre tête. Cette technique narrative - renforcée par le vouvoiement du lecteur d'un bout à l'autre du récit - est sans doute un clin d'oeil aux chefs d'oeuvre du 18e siècle anglais (je pense notamment à Tom Jones d'Henry Fielding où le héros s'adresse directement au lecteur pour l'inclure dans une réflexion participative). Ici, le témoignage de Mary nous interpelle quant à la détresse des servantes, probablement souvent violées par leurs maîtres au 19e siècle, face à la naissance d'un enfant non désiré.

L'image finale du livre mêle les trois substances liées à la naissance : le lait (référence à la couleur des cheveux de Mary mais aussi à l'allaitement), le sang (accouchement) et l'encre (outil qui permet la création de l'histoire). La photographie qui figure sur la couverture du livre de poche, réalisée par le photographe londonien Jeff Cottenden, est extrêmement bien choisie - et je me demande même si elle n'est pas en grande partie responsable du succès du livre ! - car la jeune-fille relève sa robe blanche comme si elle voulait éviter de la tacher. Elle se sent déjà souillée de l'intérieur.

Pour découvrir le travail de ce photographe :
http://www.jeffcottendenarchive.com/victorian-georgian-etc.html

Dans le roman, Violette (une des trois soeurs de Mary) est également victime du désir de Ralph (le fils du couple Graham). Celui-ci "l'engrosse" puis nie la paternité et part étudier la philosophie et l'économie à l'université d'Oxford. Le bébé aura les mêmes cheveux "couleur du lait" que l'héroïne et sera élevé à la ferme. 

Le futur mort-né de Mary m'a étrangement fait penser au bébé que Sethe tue dans Beloved, le roman de l'afro-américaine Toni Morrison (prix Nobel de littérature 1993), afin de lui épargner une vie d'esclavage. Peut-on dire que ces deux femmes infanticides, l'une blanche, l'autre noire, se ressemblent puisqu'elle se libèrent d'un enfant - ou libèrent leur enfant ? - déjà marqué par le sceau du malheur ?


Le cliché ci-dessus s'intitule Milkdrop Coronet 1957. Il s'agit d'une goutte de lait qui tombe en forme de couronne sur une surface rouge sang. Le photographe, Dr Harold Eugene Edgerton, est un ingénieur électricien et un photographe américain (1903-1990). Il a enseigné au Massachusetts Institute of Technology (M.I.T) de Boston et construit des stroboscopes qui décomposent le mouvement à l'aide d'une suite d'images fixes. Son travail scientifique rejoint la pure création car ses photographies possèdent une beauté intrinsèque. Attiré par l'oeuvre du commandant Cousteau, il a inventé des méthodes et un équipement permettant de réaliser des photographies sous-marines à des profondeurs jamais égalées.

lundi 4 janvier 2016

Bonne année 2016 !


Je souhaite à tous les lecteurs du blog La Liseuse une bonne année 2016 riche en émotions littéraires. Puisse t'elle vous apporter autant d'exaltation qu'une belle lettre d'amour. L'écrit tend à disparaître mais les livres résistent et les mots n'ont jamais autant circulé qu'à travers les formes modernes de communication. 

Peinture : The Letter, 1882, Julius LeBlanc Stewart (artiste américain qui fit carrière à Paris, élève de Jean-Léon Gérôme à l'école des beaux-arts).